Ceci est un extrait de mon nouveau roman que je n’ai pas encore relu ni encore nommé.
Plusieurs jours sont passés, mêmes des semaines, et là encore une année. Une année entière. Une année et quelques. Lucien avait comme au lendemain de la rupture la même amertume. Le sentiment d’avoir laissé partir une part de lui, de sa vie passée, et de ce qu’il avait à vivre aussi. Tout était encore en suspens. En attente. Tout était encore flou et si incertain. Pourtant, du temps est bien passé sur lui. Il avait changé de numéro, de rue, de ville et de région. Il avait changé d’amis, de boulot et naturellement de copine.
Des rencontres étaient passées et cette dernière était si parfaite mais elle ne comptait pas. Elle lui disait qu’elle l’aimait infiniment et lui au fond, il répondait indéfiniment. L’homme tolérait cette présence et n’arrivait pas à s’y faire au même temps. Il s’était séparé de l’appartement qu’il avait acheté pour l’autre. L’autre, est un nom commun dans sa tête. L’appartement était loin, avec ses toiles à l’huile, les décos et couleurs. Vendu avec ses meubles. Il était vite tombé écœuré de ce lieu acheté en vue d’une vie avec une personne qui n’était plus là pour la partager.
Il était aussi écœuré aujourd’hui. De découvrir qu’il savait vivre avec quelqu’un qu’il n’aimait pas. Il avait changé et il pensait à cette différence. La différence de ses valeurs mais aussi de vie. Comment suffit-il de changer une seule personne pour que tout devienne si différent. Il s’était même donné un délai. Encore un ultimatum. Il s’était dit je resterai un an avec elle. Il était le seul homme qui retenait si parfaitement la date de sa rencontre avec sa copine. Il comptait les jours. Il disait je suis à moins trente, moins vingt-neuf. Comme s’il attendait une délivrance. Il était en effet son propre prisonnier. Et peut-être qu’il avait voulu inconsciemment rendre la douleur qu’il avait senti à une autre personne que lui. Car cette femme avec qui il était dorénavant, était sa prisonnière aussi.
Pendant le suivi du compte, il suivait une autre affaire. Il traquait les publications, les nouvelles, le site de l’activité de l’Autre. Souvent, il allait y naviguer. Mais plus comme avant. Ce n’était plus pour faire entrer des visites. Il venait juste être sûr que le site comme l’Autre existaient toujours. Ils existaient loin de lui, mais étaient toujours là quelque part à avancer. Même si l’idéal bien que méchant, c’était l’espoir que rien ne soit avancé pour elle.
Il avait avancé, lui. Il avait un meilleur poste. Il était entré dans le club des plus des cent milles. Il faisait exactement les missions qu’il avait toujours cherché. Il avait un petit château restauré en pierre blonde du style Périgourdin. Un grand jardin, une clôture en haut mur, une piscine derrière la véranda. On dirait qu’il faisait vingt centimètres de plus de haut tellement il prenait confiance au quotidien avec ses amis et connaissances. Son quotidien où tout était parfait et ses amis et connaissances qui ne comprenaient pas ce changement. L’homme doux et sain devenu connard un peu. Un peu trop beau et trop austère.
La femme avec qui il partageait sa vie aujourd’hui avait aidé à tout cet accomplissement. Elle était la personne rêvée pour toute personne voulant se reconstruire. Elle donnait confiance. C’était un bonbon. Un bonbon qui ne choisissait pas qui pouvait mériter de le prendre. Comme si elle n’était pas consciente de ses atouts et sa beauté, elle avait accepté de jouer l’infirmière. Elle avait réglé les impayés et soigné tout élément délaissé après l’Autre. Elle avait tout orchestré de cette nouvelle vie, les soirées pour le côté social, le côté professionnel auprès de son père et avait voulu tout soigné côté Homme.
Mais Lucien ne voulait pas être soigné en ce dernier point. Il avait le cœur enlaidi. Il désirait surprendre et quitter une personne qui n’avait rien fait, comme il avait été lui aussi surpris. Des fois, il entendait l’Autre parler au son de voix de sa compagne. Il imaginait tenir exactement la même main qu’avant. Il avait le même parfum au nez quand il était proche de ce nouveau corps. Et il arrivait que pour quelques secondes, tout aille bien et il se croyait projeté quelque temps en arrière. Où rien ne devait faire peur et où il était à l’abri des grosses anomalies de la vie. Il n’avait jamais vraiment souffert de quelque chose fortement. Il allait bien, il était simple, il n’avait pas de mauvaises intentions. Jamais aucune comme celle-là qu’il prépare pour sa nouvelle copine ou quelque chose qui compte. Il était à nouveau facile à vivre et tout simplement très sain.
Il ne le savait pas encore mais il allait tourner la page. Il allait trouver quelqu’un qui le fera tomber encore véritablement amoureux, et plus longtemps encore que pour l’Autre. Mais il était à jamais changé et ceci rien ni personne n’allait l’aider à le réparer.