Amour en déclin. Un séchoir en panne depuis six jours. Un robinet dévissé depuis sept mois. Un détecteur de fumée à installer depuis trois ans. Je suis un homme à changer depuis bientôt quinze ans. Alcool et fumée, le brouillard typique d’un bar. Sauf que ce soir-là, j’ai encore craqué. Elle n’était même pas plus jeune, ni plus belle, c’est juste qu’elle me regardait sans aucun jugement. Je ne l’avais encore jamais déçu. Il n’y avait encore que ce premier désir.

Je me suis presque senti bien quand j’étais parti de chez elle. Un appart bordélique aux quartiers nord. Je suis reparti chez nous. La villa au neuvième arrondissement, vue collines. J’avais encore merdé mais cette fois, c’était la chute de trop. Même pour moi.

J’allais dès ce soir pour ma femme être bon à tuer. Car j’allais lui dire.

Mais elle m’attendait. Assise sur ce canapé Firm Living à quatorze mille euros qu’elle avait payé de sa poche. Une mèche de ses cheveux pendouillait sur son visage d’ange qui exprimait du questionnement déjà. Encore ce putain de jugement.

Comment font les femmes pour tout savoir ?

  • Je te quitte Marc, dit-elle dans un souffle malheureux avant même que je ne prononce un mot.

Je sentis vraiment que j’allais m’écrouler. M’évanouir comme une jeune fille. Comme dans un film de drame. Sauf que je suis un homme et que je n’étais pas prêt pour cette tournure.

  • Tu es l’ombre de toi-même.

Aucun commentaire sur ma soirée. Ça coupa court à mon envie de la quitter. Je voulais me raviver pour elle.

  • Mais Léa je changerai. Je vais appeler quelqu’un pour réparer le séchoir. Le remplacer même. Je vais réparer le robinet aussi. Moi-même ! Installer le détecteur de fumée. Je vais changer.
  • Non, ça ne m’intéresse plus.

Elle dit ça d’un ton suffisant.

  • Comme tu ne fais jamais rien, je t’ai déjà trouvé un appart, je l’ai déjà meublé, tes cartons ont été fait dans la journée par les déménageurs. Tu es un homme assisté et je t’assisterai jusqu’aujourd’hui, ensuite c’est fini.

Elle me tendait des clés.

Je suis un homme assisté non. Je suis un homme mort sans elle, oui.

Elle gagnait beaucoup plus. Je suis cadre mais elle a sa propre agence. Jusqu’aujourd’hui on s’en fichait mais là j’étais prêt à une revanche sur ma vie sans elle.

  • Je demanderai une pension pour le petit, dis-je tout simplement.
  • Entendu, répondit-elle sans être aucunement scandalisée.

Je pris mes clés et partis découvrir ma nouvelle maison.

Gagner une pension et un appart neuf quand on trompait sa femme, était quand même un sacrilège. Au fond, elle était au courant des tromperies mais elle était tellement au-dessus de ça. Tellement au-dessus de moi. Je me dégoûtais jusqu’aux os. Mais j’admirai la vue mer du nouveau chez-moi toute la nuit.

Récit | Léa, la magnifique

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